Le fleuve Evros est une rivière symbolique. Elle sert de frontière entre la Grèce et la Turquie. Elle marque ainsi la séparation politique entre l’Europe et l’Asie. La frontière géographique de l’Europe étant comme chacun sait le Bosphore, actuellement sous occupation turque comme la Thrace orientale ou le nord de Chypre. C’est sur les berges de ce fleuve que c’est joué durant plusieurs semaines, en février et mars 2020, une véritable bataille opposant la civilisation européenne à des masses orientales instrumentalisées par les islamistes au pouvoir à Ankara.
Afin de se venger de son échec cuisant en Syrie où près d’une quarantaine de soldats turcs avaient été tués en l’espace de deux semaines par les bombardements de l’aviation russe et les offensives de l’armée syrienne pour repousser l’armée turque venue à la rescousse des djihadistes dans la poche d’Idlib, le satrape d’Ankara a décidé le 28 février de pousser des dizaines de milliers de migrants vers la frontière grecque. Le spectre de l’invasion de 2015 semblait devoir ressurgir brutalement.
Mais à ma grande surprise il n’en fut rien. Le gouvernement conservateur au pouvoir à Athènes, très critiquable par ailleurs dans sa gestion des migrants dans les îles de Lesbos et de Chios où il avait envoyé sa police en février pour affronter les habitants qui s’opposaient à la construction de nouveaux camps pour les clandestins, a pris la décision de fermer la frontière et de repousser les envahisseurs à la différence de ce qu’avait fait le gouvernement d’extrême gauche d’Aléxis Tsípras en 2015.
Durant près d’un mois, du 28 février au 27 mars, une véritable épreuve de force a eu lieu sur le fleuve Evros entre d’un côté des migrants venant essentiellement d’Afghanistan, du Pakistan et des anciennes républiques d’Asie centrale de l’ex-URSS, appuyés par la police turque et de l’autre la police grecque soutenue, fait nouveau et divine surprise, par des éléments policiers en provenance de plusieurs pays européens.
Car se sont bien des scènes de guérilla auxquelles nous avons pu assister. Les migrants lançant tous les projectiles possibles sur les gardes frontière grecs aux cris de « Allah Akbar! », tentant de jour comme de nuit de détruire les clôtures les empêchant de franchir la frontière avec des policiers turcs qui soutenaient leurs attaques en projetant des gaz lacrymogènes sur les forces grecques et n’hésitant pas à se mêler aux migrants pour provoquer des affrontements (*). Les troupes grecques n’ont pas plié et ont rendu coups pour coups.
Face à cette menace d’invasion, la Grèce a pu compter pour la première fois sur le soutien de nombreux pays européens. Des policiers ou des militaires provenant de Pologne, de Hongrie, de République tchèque, d’Estonie et de Chypre sont venus soutenir les forces grecques pour les aider à tenir la frontière. Cette alliance a permis d’assister à des scènes de fraternisation entre ces Européens conscients de défendre sur les bords de l’Evros leur civilisation, leurs patries et leurs familles.
Manifestement, Recep Tayyip Erdogan ne s’attendait pas à une telle résistance des Européens habitué qu’il était, hélas à juste titre, à voir ces derniers capituler devant le moindre de ses caprices. Ajoutez à cela la crise du coronavirus qui a frappé la Turquie comme le reste de la planète et le dirigeant turc a piteusement battu en retraite prouvant ainsi que face à des Européens unis, déterminés et solidaires la Turquie ne pèse pas grand chose. C’est cette Europe là que nous aimons, que nous désirons. La véritable Europe. Celle d’Homère et non celle de Juncker.
Ahou !
D.B.
(*) Le Service fédéral des renseignements (BND) allemand a notamment indiqué que la Turquie a délibérément alimenté des émeutes à la frontière grecque.